Maquis M et le 125è RI:



Voici un apperçu de la situation dans les Deux Sèvres :

Les Allemands étaient présents à Niort dans la Kreiskommandantur 564 dirigé par le Général de Brigade Taeglischbeck. Le Capitaine "Fernand" c'est toujours posé la question pourquoi un Général était ici. Bien des années après la guerre, il a su que ce Général avait pour but de s'occuper principalement du repli éventuel des troupes allemandes vers la Bourgogne.

En ce qui concerne la situation économique et sociale, le plus gros manque était le carburant qui était un handicap sérieux. Le département restait excédentaire en produits agricoles et donc la population avait du mal à se plier à l'usage des tickets. Pour le social, le taux de chômage était élevé, car on comptait plus de 170 000 réfugiés, ainsi que des industries arrêtées.
Dès la signature de l’armistice en 1940, l’esprit de résistance s’installe chez certain français.
Le département est peu occupé par l’assaillant, mais ce n’est pas pour cela que la résistance n’a pas été très active.
Le département des Deux Sèvres est traversé par des axes routiers et ferroviaires importants faisant Paris-Bordeaux et Paris-Atlantique. Le passage de troupes ennemies est fréquent d’où des attaquent sur ces axes de la part de groupes de résistants.

Voilà en général la situation dans les Deux Sèvres.


La présentation va se faire en deux parties, tout d’abord le maquis Fernand Groussard ou maquis « M » pour Melle et dans un second temps une partie du 125ème RI sur la poche de St Nazaire.

Petit historique des deux principaux protagonistes du maquis Fernand-Groussard avant la création du groupe.



Ernest JOUSSEAUME : dit « Fernand », née à Chail (79), fils de militaire, lui-même militaire de carrière. Il est fait prisonnier en 1940 avec le grade d’Aspirant. Il a alors 23ans en 1943, il réussit à s’évader après plusieurs tentatives d’un stalag autrichien, d’un camp de Mühlberg en Saxe et d’un camp disciplinaire Ukrainien, grâce à la maîtrise de la langue de Goethe qu’il avait appris lorsqu’il vécut dans le nord est de la France. Il regagna la France à pied, traverssant la frontière franco-allemande dans la nuit du 14 au 15 septembre 1943. Il s’engage comme agent de liaison pour le NAP, puis organise des sabotages. Au 3ème trimestre de l’année 1943, il créait le groupe « Fernand ». Parallèlement à cela il faisait de l'instruction militaire des groupes déjà existants du secteur mellois. En juin 1944, il rassemble ces différents groupes. (groupes EPRINCHARD, GROUSSARD, FERNAND, DUBRAY)
Ernest "Fernand" JOUSSEAUME


René Groussard : propriétaire exploitant, il est fait prisonnier en  1940. Libéré en 1941, car père de quatre enfants. Il s’engage dans la résistance. Il participe au développement du mouvement Libération-Nord. En liaison avec l’AS, il rassemble des hommes qui ont les mêmes convictions comme Roger AUBIN, Marcel MOTILLON, Paul GAZEAU,... « Fernand » prendra contact dans l'automne 1943 avec GROUSSARD avec qui il organisera plu tard le principal maquis des Deux Sèvres et coopéra avec le Sud-Vienne.
René GROUSSARD

- mai 1944 : des membres du groupe GROUSSARD travaillant à l'usine de Melle sont prévenus que deux citernes de carburant sont à destination des garnisons allemandes de Niort. Deux groupes ce sont positionnés, l'un au rond point du Parapluie et le second à hauteur du Nac. Les deux citernes sont stoppés.

Les missions ne tardèrent pas à arrivées :
- 25 juin 1944 : la première mission pour « Fernand » fut d’acheminer des armes pour environ 50 hommes, fruit d’une négociation avec le maquis D.4 « RAF » dans le Sud-Vienne.

- 16 juillet 1944 : destruction à l’explosif de la voie ferré Niort-Ruffec, plus précisément entre Ardilleux et Chef Boutonne dans le 79, fait par "Fernand" et DUBRAY

- 20 juillet 1944 : les missions officielles ordonnées par le Lieutenant-colonel BLONDEL et le Commandant MARCEL : objectifs, destructions des lignes de transports d’énergie électrique vers la Rochelle, Paris-Bordeaux et Niort-Ruffec.

- Entre le 20 et 25 juillet 1944 : destruction à l’explosif de la voie ferré Paris-Bordeaux, plus précisément entre Ligugé et Iteuil dans le 86.

- 26 juillet, le groupe Fernand devient le maquis Fernand.

- 4 août 1944 : en visite auprès de l’Etat major Vienne Sud, le maquis Fernand reçoit du Major SAMUEL l'ordre de détruire la ligne électrique haute tension (700 000 volts) faisant Faimoreau (Vendée)/ la Palice (17) alimentant la base sous marine de la Rochelle.

- 7 août 1944 : suite à la mission demandée (du 4 août)  le maquis détruit un pylône situé à Pont aux chèvres (85) puis un transformateur à Gript (79). Le courant était utilisé pour recharger les batteries des sous marins. Une première attaque, le 16 juillet, avait échouée par un autre maquis.

- 10 août 1944 : Interception d’un camion citerne de 5300 litres destiné à la garnison ennemie de Niort. Il fut envoyé par la suite vers l'etat major du Colonel BERNARD installé à Asnières sur Blour (86). 

- 13 août 1944 : Bataille de Melle, attaque de la garnison allemande avec le groupe des frères TABOURNEAU dans la distillerie de Melle ainsi qu’un hôtel dans le centre-ville "Hotel Philippon". 16 prisonniers sont capturés ainsi que de l’armement. On déplora néanmoins un tué : le Sergent BOUX Rémy.
Au soir le maquis Fernand veux remettre le couvert en voulant attaquer un convoi sur la route de Poitiers mais attendra le jour suivant. 
Tir au mortier anglais de 50mm.

- 14 août 1944 : Combat de Chez sur la N150 entre le maquis et une colonne ennemie en retraite. Les allemands ont réussis à rejoindre la ville de Chey. Fernand scinde sont groupe en deux, l'un au nord de la ville et l'autre au sud. Les allemands forcent le passent mais pas sans conséquences puisqu'ils perdent un officier ainsi que six blessés. Du côté du maquis seront blessé six combattants ainsi qu'un jeune civil venu aider le groupe, ce jeune avait pour nom : Roger FRAGUT.

- 15 août 1944 : le maquis était cantonné dans un lieu dit près d’Aubigné sur la D110 au sud de Chef Boutonne. L’ennemi se présentait en force à Javarsay et Aubigné avec environ 120 hommes répartient en 10 camions, une automitrailleuse de reconnaissance un "Panzerspäwagen" ainsi qu'un canon anti char de 37mm. Le tout était commandé par le général Taeglischbeck (cité en début d’article). Le maquis a du s’enfuir au plus vite pour éviter une attaque allemande. Ils ont laissé les véhicules sur place. Les cinq blessés sont placés dans une ferme proche du campement. On déplora la mort du Sergent COSSET Jean dit "le comptable" qui est revenu sur les lieux au retour d'une mission de ravitaillement dans une ferme avoisinante. (Pendant son engagement au maquis il écrivait sur son agenda les activités au jour le jour malgré l'interdiction, agenda consultable aux archives départementales des Deux Sèvres). Le maquis marche pendant des jours en évitant la confrontation avec les Allemands, ils finissent leur périple en installant leur campement dans les marais de Pliboux le 19 août, c'est à dire 4 jours après.

- 15 et 16 août 1944 : Parachutage tant attendu. (Terrain ASPIC). Trois attelages à cheval étaient nécessaire pour transporter les huit tonnes d'armement. Celles-ci furent distribuées aux différents groupes du secteur 6 sous l'autorité de GARNAUD et de LAMIRAL. 


Le 15 août 1944, AS et FTPF se réunissent sous un Etat Major commun. Le Colonel PROUST dit « CHAUMETTE » devient le chef départemental des F. F. I..

- 20 août 1944 : quatres hommes (le Commandant BERNIER, GROUSSARD, AUBIN et LAUBENHEIMER), à 11h30 quittent le camps où était le maquis Fernand, en rejoignant Melle ils se fond arrêter aux abords de Sauzé Vaussais par un poste ennemi. Lors de la fouille de leur véhicule il aurait trouvé deux grenades anglaise mills. Un jeune maquisard de 16ans est arrêté à la même occasion au guidon de sa moto : Louis PROUST appartenant au maquis des frères Tabourdeau. Ils seront exécutés sauf LAUBENHEIMER le 21 août à Ruffec par la compagnie des « SS Freies Indien Legion » ( la Légion des SS de l'Inde Libre). 

- Entre le 20 juin et le 1er septembre 1944 : cinqs missions de ravitaillements en carburant ont été fait pour le maquis D (Vienne Sud).

- Le 4 septembre 1944 : le maquis M prend le nom de maquis « FERNAND-GROUSSARD » en l’honneur du décès de René GROUSSARD.

- Le 6 septembre 1944 : libération de la ville de Melle et obsèques des fusillés, il y eu une vive émotion.

Le maquis sera incorporé le 5 septembre au bataillon de marche « MARCEL » dont il constitua la 3ème Compagnie.

Du 4 au 27  au septembre : une section est détachée au château des Ouches avec pour mission d'intercepter d'éventuels convois allemands qui se replient.

Le 27 septembre : départ tant attendu pour Challans en Vendée afin de rejoindre leur bataillon.

Du 28 septembre au 12 octobre, la compagnie sera hébergée chez l'habitant.

Le 15 octobre 1944, il est incorporé dans le 2ème Bataillon F.F.I. de la Vienne, devenu par la suite le 4ème Bataillon du 125ème Régiment d’Infanterie, à la 3ème Compagnie. La devise du bataillon est "Servir".


Insigne du 125ème R.I.

- Le Capitaine "Fernand" installe son poste de commandement au Plessis Bel-Air à environ 3km Sud-ouest d'Arthon en Retz.

- Novembre 1944 : secteur de Buzay, dans les canaux humides. 



- Début 1945 : la Compagnie se trouve en ligne dans le secteur de la Feuillardais plus précisément au Prépaud et se repose à Port Saint Père.




- 20 mars 1945 : Dissolution de la Compagnie Fernand, son chef partit en stage de perfectionnement à Cholet depuis le 28 février. A l'issu, la compagnie est divisée entre la 1ère Compagnie du Lieutenant Etienne SABY et celle de Du Paty de la 2ème compagnie.

- 25 mars 1945 : Dissolution du 4ème bataillon et devint la 1ère compagnie, du 1er bataillon, du 21ème Régiment d'Infanterie.
Insigne du 21ème R.I.
- 23 juillet 1945 : St Nazaire, arrivé et visite du Général de Gaulle. Des membres de la compagnie sont sur les rangs.


Ils combattront dans la poche sud de St Nazaire jusqu’à la reddition des Allemands et pour certain, resteront jusqu’en août 1945.

Après le 8 mai, Fernand entre dans l'école d'Officier d'Aix en Provence. Sa carrière militaire se poursuivit...occupation en Allemagne, Indochine, Algérie...

Monument de la poche sud de St Nazaire à la Sicaudais.
Plaque commémorative du 4ème Bataillon du 125ème RI.


Sources :

Histoire de la résistance dans les Deux Sèvres par L.VIEN
Maquisards et soldats
La résistance en Deux-Sèvres par Michel CHAUMET et Jean Marie POUPLAIN
Personnels
Notre regretté Lieutenant-Colonel JOUSSEAUME décède le 19 mars 2000 à 81ans. 
Il restera dans nos pensés ad vitam eternam.

Officier de la Légion d'Honneur
Croix de guerre 39/45
Croix de guerre des T.O.E
Croix de la Valeur militaire
Médaille de la Résistance française
Médaille des évadés
Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
Médaille commémorative de la campagne d'Indochine
Médaille commémorative AFN
Croix de la bravoure du Vietnam 

Aurélien AUGER